C comme carnets de campagne 14-18

CARNETS DE CAMPAGNE
GUERRE 14-18
de François BEISSAC .

François Beissac est mon Grand-père Maternel, et il commence ses  carnets de campagne après être avoir quitté sa maison de campagne à Cournon  (Puy de Dôme). J’ai donc deux
Carnets où il a noté jour à prés jour ce qu’il fait, les courriers reçus et envoyés et ses problèmes de santé. J’ai commencé à  les retranscrire, et vous livre les deux premières journées qui sont pour moi émouvantes.
Claude

4 Octobre 1914

Quoique tardivement, je tiens à consigner ici les principaux faits qui se sont passés depuis mon départ, lors de la mobilisation.
La dernière semaine de Juillet n’a pas été très agréable. A peine arrivés à La Croze (Maison familiale à Cournon d’Auvergne), nous avons eu juste une semaine, celle du 19 au 26, de tranquillité. A partir du 26, les journaux donnent des nouvelles de plus en plus mauvaises. Chaque matin, le Moniteur et le Journal ( ?) déclarent que la paix est de plus en plus compromise. Jusqu’au 29, les miens (soit sa femme, et sa belle sœur) ne se rendent pas compte de la gravité de la situation. Je leur en parle à dîner, et dame le repas ne descend guère. L’appétit a disparu.
Dans Cournon, on parle du rappel des soldats permissionnaires que les gendarmes ont invité à rentrer sans délai à leur corps, des préparatifs de réquisition des chevaux voitures. A la Croze, on continue à vivre cahin caha, et je prends les précautions nécessaires pour règle les affaires (Vente à Michel Péres ?).
Le samedi, il fait beau, et nous décidons d’aller en promenade l’après midi jusqu’au Pont d’Allier . Madeleine (ma mère) et le chien trottent devant nous, et on bavarde de chose et d’autre, mais elles (sa femme et Josette, sa belle sœur) sont préoccupées.
On s’assied au bord de l’Allier, là tout en causant non entend des coups de canon, mais personne n’a l’air d’y faire attention. On repart, et sur le Pont d’Allier, une voiture nous dépasse venant de Pérignat, et un paysan nous dit : »çà y est » ; On a compris.
La mobilisation générale est déclarée quoi que l’on s’y fut attendu, cela surprend et agite. Le retour est encore plus silencieux. On rencontre Simon, les traits tirés, qui va prévenir son fils.
Dans Cournon, nous passons par la place du château, la dépêche jaune est affichée à la porte de la Poste. Pas d’autres affiches sont posées. On rentre à la maison après avoir causé avec quelques voisins : de cela.
Le tocsin sonne. Les gens se hâtent de rentrer, certains croyant à un incendie. (Et quel incendie !)
Dimanche, fête de Cournon. Nous avions invité, il y a quelques jours M’amour et Baptiste. Ma foi pourquoi ne pas dîner ensemble, malgré ces mauvaises nouvelles. La soirée se passe à parler de ce qu’elles auront à faire pendant mon absence, comment elles devront s’y prendre.
Je fais aussi mes préparatifs de départ, car demain, Lundi, deuxième jour de la mobilisation je dois être au Cendre pour rejoindre Mende. Dans la matinée, j’ai été chez Maître de La Foullouze remettre un testament et faire la déclaration de succession de père.
Lundi. Personne n’a guère dormi. A 5h debout, sauf Madeleine qui dort encore. On termine les paquets, je déjeune et après tous assis sur la terrasse nous attendons 8het demi tandis que Madeleine s’amuse.
Déjà pas mal de jeunes sont partis. Le fils Chalard   passé à 5h allait au Pont. Félix Monge a quitté à 6h pour aller à Moulins.
L’heure arrive. On se quitte. C’est dur. Une dernière fois, je me retourne devant chez Chalteix. Elles sont sur le pas de la porter dehors. Dernier au revoir et en route. Quelques mètres, ouf, ça va mieux.
Seul, je fais la route du Cendre. A la gare où j’arrive à 9h, il y a du monde. Des femmes sont venues, du Crest, de Gergovia, accompagné leurs maris. Le chef de gare nous dit qu’un train nous prendra vers 9h45 ; Le train passe, sans arrêt. D’autres trains se succèdent soit  sur Clermont, soit sur le Midi. Le dernier comprend uniquement des « trucs » portant des charrettes dites marocaines. Enfin à 11h et quelques minutes, on s’embarque dans un wagon de marchandises.

Adhérent-CGMA-Claude-P-093


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