Généalogie de : Adhérent-CGMA-Gérard-R-144
Gérard fait circuler une lettre manuscrite de son grand père, adressée à ses parents, expliquant avec détails sa vie dans les tranchées et sa citation à l’ordre du régiment n°54 basé au environ de Béthune dans le Pas de Calais.
Ci-dessous la transcription fidèle de ce courrier :
24 Octobre 1915
Chers Parents
J’ai reçu de vos bonnes nouvelles ce matin et suis heureux de vous savoir en bonne santé. Moi aussi ma santé est parfaite. La prochaine fois que nous montons en ligne nous serons en réserve. Le secteur devient assez calme ce n’est pas trop tôt. Bien que nous soyons au repos nous sommes assez occupés, c’est le renfort qui vient boucher les trous qui en est la cause et puis aujourd’hui je suis de garde, je n’aime pas ça, mais on ne fait pas ce que l’on veut. Voici le texte de ma citation (s’est offert volontairement le 23 sept 1915 pour exécuter une patrouille dangereuse et reconnaitre les effets de l’artillerie sur les défenses accessoires ennemies
Inutile de vous dire que si je me suis offert pour faire patrouille avec Allemet c’est qu’il n’y avait pas plus de danger que de rester dans les tranchées. J’étais le seul avec lui à connaitre le terrain pour approcher de leurs tranchées sans être vus. Nous avions déjà fait quelques jours avant la même patrouille mais par obligation et savions que nous ne serions pas vus des sentinelles boches que voyons sous le profil. La seule obligation pour nous était d’y mette le temps c’est ce que nous avons fait (une heure environ pour parcourir cent mètres environ aller et retour. Il n’y avait que les fusées éclairantes pour nous gêner mais c’était simple. Sitôt qu’une de leurs fusées venait de s’éteindre et avant qu’ils ne lancent l’autre nous avions repérer le terrain et nous faisons un bond de quelques mètres soit dans un entonnoir, soit derrière un monticule en ne marchant qu’à plat ventre naturellement. Nous avons constaté qu’un endroit de leur réseau le fil barbelé était n’était pas détruit, nous sommes rentrés, l’avons signalé et l’artillerie s’est chargée du reste. Si nous avions fait l’assaut le lendemain, et étions tombés devant leurs fils de fer, je n’ose pas penser au massacre qui aurait eu lieu. Comme vous le voyez chers parents s’il y avait le moindre danger, je n’aurais pas été volontaire, je tiens trop à vous revoir ainsi qu’Hélène et mon petit René. Je vous prie chers parents d’embrasser tout le monde pour moi ainsi qu’Hélène et le petit. Le secteur est calme et ne crains rien pour le moment
Bons baisers à tous et de tout cœur
J’aurais peut être la chance que ma lettre ne passe pas par la censure dites moi si vous l’avez reçue
Nous allons au repos presque toujours à Gamblin l’Abbé petit patelin qui se trouve environ à 4 kilom. de Mont St Eloi. Pour nos tranchées elles varient quelques fois mais nous sommes toujours soit vers la côte 119 ou 140 l’artillerie se trouve au bois de Berthonval à la lisière. Pour traverser Béthune nous avons des passages souterrains creusés sous la route et qui peuvent servir d’abri nous arrivons ainsi en ligne sans être vus ou presque.