Le peuple de Paris au XIX° siècle – (01)

Extrait du catalogue de l’exposition : « LE PEUPLE DE PARIS AU XIX° SIÈCLE » au musée Carnavalet (2011)

VIVRE A PARIS

Le logement : petite chambre d’une ouvrière, rue de Belleville

Les « Intérieurs parisiens » du photographe Eugène Atget (1857-1927) constituent une documentation précieuse sur l’agencement des logements parisiens appartenant à différentes catégories sociales. En dépit de forts contrastes persistant entre elles, la frontière semble de plus en plus ténue et on constate une uniformisation des goûts.

Ainsi, la petite chambre d’une ouvrière rue de Belleville est remplie d’objets de la vie quotidienne : lampe à pétrole, réchaud pour la cuisine et le chauffage, cuvette rudimentaire pour la toilette. La pièce est fonctionnelle et dicte la manière de vivre à son habitante.

Rien, toutefois, n’est laissé au hasard : bibelots de pacotille et souvenirs s’agencent dans un ordre qui semble préétabli et n’offrent qu’une place étroite pour se mouvoir. Sur la commode s’accumulent fleurs artificielles, médaille sous verre, petit tableau avec son chevalet et sa palette. On distingue au mur une collection d’éventails, l’almanach de 1910 et deux diplômes des Intimes Sauveteurs de la Seine et de la Marne. La décoration, quoique kitsch, laisse transparaître une volonté esthétique et reflète l’entrée dans la société de consommation. A partir de 1880, les objets décoratifs à bas prix se diffusant dans les intérieurs populaires. L’idéal petit-bourgeois se répand parmi les ouvriers  qui aspirent à davantage de confort. Malgré l’exiguïté et la modestie du logement de l’ouvrière, une culture inédite des apparences et la recherche d’intimité se lisent dans ces clichés, concomitants à l’émergence d’une « couche sociale nouvelle » déjà notée par Gambetta dans son discours de Grenoble du 26 septembre 1872.

Élodie Massouline

Adhérent-CGMA-Sylvie-R-152

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