Les poilus : Louis

Contrairement à Michèle, qui a dû batailler pour obtenir des infos concernant ses ancêtres dans la Grande Guerre, j’ai eu la chance de  bénéficier de deux appuis appréciables :

–    mon inscription au CGMA
–    internet

gorinEn effet, c’est lors de réunions du CGMA que j’ai réalisé que j’avais peut-être à la cave, dans des cartons, des éléments intéressants pour la généalogie et l’histoire familiale.

La mort de mon grand-père maternel m’a toujours un peu obsédée, je désirais savoir comment et de quoi il était mort, peut-être parce que j’ai passé toute mon enfance avec ma grand-mère maternelle (sa veuve) qui vivait avec nous, nous avons partagé la même chambre elle et moi jusqu’à ce que j’ai 12 ans , mais dès que je parlais de la guerre de 14, je la sentais au bord des larmes et donc je n’insistais pas, d’autant que nous nous entendions comme laronnes en foire, c’est ma grand-mère qui m’a initiée à la Mazurka et la Matchiche ! Alors mieux valait rire…

sans-titre12Récemment, j’ai commencé par chercher sur internet la fiche de décès de mon grand-père :

En approfondissant un peu la recherche sur le site, j’ai découvert qu’il existe une stèle dans une église parisienne : Sainte-Elizabeth (Paris 3°) où les noms de mon grand-père et de son frère figurent : Louis GORIN et Henri GORIN, personne dans la famille (restante) n’était au courant…
Nous sommes allés avec mon mari  faire quelques photos un dimanche matin.
En 1914 mes arrière grands-parents n’habitaient pas si loin de cette église et je suppose que c’est celle qu’ils sans-titre41fréquentaient.
Perdre deux fils sur trois en l’espace de six mois doit donner matière à prier…

Il me manquait encore de savoir comment il était mort, j’avais beau interroger les rares photos de lui que j’ai pu retrouver, je ne pensais plus trouver la réponse, je ne voyais qu’un vrai « poilu » qui semblait triste et désenchanté.
Lors de son mariage en Août 1914 mon grand-père ne portait que la moustache, comme le voulait la mode…

Et voilà qu’à l’occasion d’un grand rangement dans l’appartement,  j’ai retrouvé en lisant ces « papiers anciens » que je gardais sans savoir ce qu’ils contenaient : la lettre du capitaine du régiment de mon grand-père qui explique sa mort.
Cette lettre était adressée à mon arrière grand-père (le père de ma grand-mère) qui avait écrit sans doute pour en savoir plus à propos de la mort de son gendre.

Je savais par ma mère que son père était agent de liaison pendant la guerre, et quand j’ai découvert cette lettre il y a deux ans  à peine, j’ai ressenti non pas un soulagement mais une certaine forme d’apaisement, maintenant je savais…

sans-titre31  » Sur le front – 21 avril 1915

Monsieur,

Je présume que vous avez été averti officiellement depuis l’envoi de votre lettrequi vient de me parvenir de la mort de votre gendre, le soldat Louis Gorin, mort bravement à l’ennemi au cours des engagements auxquels nous avons pris part le 5 et 6 avril. J’ai été d’autant plus sensible à sa perte que je le croyais à l’abri de tout danger au poste téléphonique ou je l’avais envoyé en liaison auprès du Commandant et sur lequel par un malencontreux hasard, un obus de gros calibre est venu tomber durant le combat.

Tous sommes très affligés de la mort de notre sympathique camarade, qui depuis plusieurs mois assurait avec zèle et à ma grande satisfaction le service de liaison de ma Compagnie avec le chef de Bataillon et avait sus’attirer par son amabilité et sa dignité l’amitié de tous ceux qui avaient avec lui des relations de services. Je vous serais obligé de vouloir bien présenter mes biens sympathiques condoléances à madame Gorin et d’agréer, Monsieur l’assurance de mes meilleurs sentiments.

Wilent

Capitaine de la 22e Compagnie 36e Régiment d’Infanterie- secteur 123

PS :  Le soldat Guerin a été enterré au cimetière de F. ainsi que ses camarades hélas assez nombreux de notre régiment »

Adhérent-CGMA-Sylvie-R-152

6 Commentaires

Classé dans Adhérents, Anecdotes, Archives, Généalogie des adhérents, Guerre 14-18

6 réponses à “Les poilus : Louis

  1. Bonjour Sylvie,

    Merci beaucoup pour votre accord et votre contribution au devoir de mémoire.
    Cordialement
    Régis

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  2. Sylvie Rouget

    Bonjour Régis,

    Merci pour l’adresse de votre site, que je connaissais déjà, pour avoir cherché des informations sur le 167° RI, et qui figure dans mes marque-pages 😉
    Je vous donne mon accord pour publier la photo et la lettre, c’est une façon de rendre hommage à nos grands-parents et de montrer qu’on ne les oublie pas !
    Cordialement,
    Sylvie

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  3. Bonjour Sylvie,
    Je suis moi-même descendant d’un soldat du 167e Régiment d’Infanterie, 128e Division d’Infanterie aussi nommée « la Division des Loups » (formée à partir de la 73e Division : « Les Loups du Bois-le-Prêtre »), tué en septembre 1918.
    J’ai consacré un site dédié principalement au 167e ainsi qu’à ses régiments « frères » les 168e et 169e RI.
    Je vous laisse l’adresse de ce site, si vous souhaitez en savoir un peu plus sur le parcours de votre aieul et de ses camarades au Bois-le-Prêtre.
    Avec votre permission, je souhaiterais également publier sur ce site la photo et la lettre que vous présentez plus haut au sein d’une page relative au parcours individuel des hommes de la Division.
    Bien cordialement
    Régis

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  4. Michele

    Ta grand mère était comme beaucoup de nos aieux. Ils ont vécu des évènements si douloureux qu’ils préfèraient les taire.

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  5. Sylvie,

    Va sur Francegenweb puis dans le service MémorialGenweb

    Dans la commune Paris 3 on trouve effectivement

    GORIN Henri Honoré Pierre
    Sergent 1914-1918 75 – PARIS 3
    Plaque commémorative Sainte Elisabeth

    GORIN Louis
    Soldat – 167e R.I. 1914-1918 75 – PARIS 3
    Plaque commémorative Sainte Elisabeth

    Amicalement
    Joël

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