Archives quotidiennes : 15 janvier 2010

Flottages des bois

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Extrait du « Magasin Pittoresque »

1833 – Gallica

 

Disette de bois à Paris. – Invention et perfectionnement des trains par Jean ROUVET et René ARNOUL.

   Le train est une sorte de radeau fait de bois à brûler. Les bûches sont fortement liées ensemble, de manière à pouvoir flotter d’une distance assez éloignée jusqu’à Paris sans se séparer. Les trains ont ordinairement environ 36 toises ou 246 pieds de long sur une largeur de 14 ou 15 pieds. La première construction des trains était loin d’avoir le degré de perfection connu aujourd’hui. A l’origine, c’étaient des hommes armés de plastrons de peau rembourrés, qui guidaient les trains par la seule force de leurs bras ; maintenant on les gouverne plus facilement au moyen de l’aviron et du pieu qui s ‘y trouvent fixés.

    Avant l’invention des trains, on charroyait aux ports de Paris les bois des environs, qui fournirent ainsi longtemps aux besoins de la capitale ; mais vers le milieu du XVI° siècle, les forêts voisines commencèrent à s’épuiser, et il devint à craindre que Paris ne manquât un jour de bois de chauffage. Les moins prévoyants ne doutaient pas qu’il ne fallût prochainement y faire arriver les bois des provinces éloignées ; et cette perspective était effrayante, car un long transport devait, selon toute apparence, élever le prix du chauffage à des sommes exorbitantes. Si l’on eût demandé alors à la plupart de ceux qui ne sentent pas aujourd’hui tout ce qu’il y a d’heureux dans l’invention du flottage des bois, comment il a été possible de remédier au terrible inconvénient dont était menacée la capitale, ils eussent été bien embarrassés, et il est probable qu’ils eussent donné, comme unique ressource, l ‘accroissement et l’entretien des forêts voisines ; c’est en effet à ces moyens, longs, coûteux et pénibles, que se réduisit alors toute la prudence du gouvernement.

   Paris était sur le point de devenir beaucoup moins habité, à cause de la cherté du bois, lorsqu’un bourgeois parisien, Jean Rouvet, imagina, en 1549, de rassembler les eaux de plusieurs ruisseaux et rivières non navigables, d’y jeter les bois coupés dans les forêts les plus éloignées, de les faire descendre ainsi jusqu’aux grandes rivières ; là, d’en former des trains, et de les amener à flot, et sans bateau, jusqu’à Paris.

   C’est dans le Morvant que Jean Rouvet fit ses premiers essais, et qu’il abandonna avec confiance au courant des ruisseaux réunis de cette contrée une grande quantité de bois. Son projet, traité de folie avant l’exécution, et entravé, comme c’est la coutume, ne fut porté à la perfection, et ne reçut toute l’étendue dont il était susceptible, qu’en 1556 par René Arnoul.

   Le bois flotté abandonne, par son long séjour dans l’eau, la sève et les sels qui le rendaient plus lourd. Après avoir subi une dessiccation plus ou moins longue dans le chantier, il donne beaucoup de flamme et se débite principalement aux boulangers, aux rôtisseurs, aux pâtissiers, qui ont des fours à chauffer ; les bourgeois préfèrent le bois vert.

Un article recueilli sur les bords de Marne par Sylvie R.

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