Les sages-femmes

En ce début d’année, nous avons parlé des sages-femmes. Nous les trouvons régulièrement dans les actes, mais qui sont-elles ? Comment sont-elles nommées ? Quel est leur rôle ?

DEFINITION DU PETIT ROBERT
D’après le Petit Robert, la locution « sage-femme » est attestée  dès le XIVème siècle. Quant à la profession, elle est régie par la loi du 30 octobre 1892 et le décret du 25 juillet 1893 (Larousse)

HISTORIQUE (Renée)
Jusqu’à la fin du 17siècle l’accouchement est une histoire de femmes. Les générations se retrouvent à l’occasion de la naissance. Les voisines viennent aider et commenter on les appelle les « mouches ». C’est le code des bonnes manières. Le moment de la naissance permet l’épanouissement de la sociabilité féminine car accoucher est un  acte communautaire et d’entraide. Magie et superstition entourent l’accouchement et l’Eglise s’efforce d’éliminer les superstitions en les christianisant. Lorsque l’accouchement se passe bien l’évènement est un triple succès – la femme est mère (donc pas stérile) – l’enfant est vivant – la mère est vivante. Certaines femmes peuvent retirer les sous produits de l’accouchement-placenta cordon- pour entrer dans la composition d’onguents secrets. La spécialiste de l’accouchement c’est « la matrone ». C’est la mère de l’accouchée qui choisit la matrone. Lors de la contre révolution catholique la sage femme passe sous le double contrôle de l’Eglise et de l’Etat. Vers 1650 elles deviennent des instruments de la réforme catholique. Interdit aux protestantes de pratiquer.

Le curé exige qu’elle connaisse les formules du baptême pour ondoyer en cas d’urgence, elle prête serment en présence des femmes réunies à l’église. Elle doit être mariée veuve et avoir été mère. Elle est avant tout  auxiliaire du prêtre – baptiser les nouveaux nés en danger de mort – faire avouer le  nom du père aux filles mères. Dans chaque paroisse elle prête serment.  Au milieu du 18s beaucoup de gens réclament une formation pour les sages femmes. Madame du Coudray maitresse sage femme breveté par le roi se déplace dans les villes de province formant chirurgiens accoucheurs et sages femmes, à l’aide d’un mannequin articulé. Certaines communes refusent d’investir 200 livres dans un mannequin. Les efforts furent importants mais les résultats médiocres il faut attendre le 19s pour voir des progrès certains.

DEFINITION DU METIER MATRONE SAGE FEMME
http://www.genealogie.com/v2/genealogie-en-ligne/ancien-metier.asp?id_metier=78
Ce site, avec un extrait du chapitre concerné, dans l’ouvrage Les métiers d’autrefois, de Marie-Odile Mergnac, Claire Lanaspre, Baptiste Bertrand et Max Déjean, Archives et Culture, nous donne un aperçu de l’évolution de la profession.

A LA CAMPAGNE OU EN VILLE (Chantal  COSNAY Pour la CSGHF)
http://blog.geneanet.org/index.php/post/2008/02/GeneaNet-Les-sages-femmes.html
A une question posée sur geneanet, Chantal Cosnay répond que le rôle des sages femmes était différent en ville ou en campagne. En campagne pour être sage femme, il suffisait de  prêter serment devant monsieur le curé. Dans les grandes villes, il existait des corporations de sages femmes. A Paris, dés 1394, elles dépendent du tribunal du Châtelet. Elles reçoivent une instruction sommaire par des chirurgiens du Châtelet et sont interrogées par des médecins avant d’être autorisées à exercer. Les brevets d’apprentissage devaient être enregistrés au greffe de la communauté des chirurgiens.
Les  archives de ces corporations quand elles ont été conservées, se trouvent dans la série E des Archives départementales.

ARCHIVES gennpdc  LISTE DE DISCUSSION
En 2001 le métier de sage femme a été le thème de plusieurs échanges sur la liste de discussion « gennpc ».
Généalogie Nord Pas-de-Calais > Tout le monde en parle > Archives de la liste de discussion GenNPdC > Archivage liste de discussion (par thèmes) > Métiers, fonctions & titres


MADAME LE BOURSIER DU COUDRAY « JUREE SAGE-FEMME »

Des précisions sur Madame le Boursier du Coudray « jurée sage- femme » qui au cours des années 1760 a parcouru la France pour enseigner le métier dans tout le royaume. Elle met au point une  » machine à démontrer ». Elle est également l’auteur d’un manuel « L’Abrégé de l’Art des Accouchements ».

ACCOUCHEUSES « JURE »
Leur rôle dans la société est également évoqué.
Elles étaient accoucheuses « Juré ». Leur rôle était double, tout d’abord l’accouchement. Elles déclaraient les naissances dont la déclaration ne pouvait être faite en cas d’absence de famille. Elles étaient chargées dans le cas d’accouchement de filles mères de faire avouer le nom du père. L’enfant était inscrit à ce nom. Ce qui a déclenché parfois des procès le père désigné refusant parfois la paternité qui lui était ainsi attribuée.
NOMMEES PAR L’ASSEMBLEE DES FEMMES MARIEES DE LA PAROISSE ET LE CONSENTEMENT DES ECHEVINS (officier public au moyen âge)
Des informations également sur leur nomination sur le site :
http://perso.libertysurf.fr/pierre.blandel
La femme proposée pour accéder à la fonction d’accoucheuse devait :
– être acceptée par la Communauté des chirurgiens la plus proche, après un apprentissage de 2 ans : critère de compétence.
– être acceptée par le Curé de la paroisse, après un examen de moralité et être une bonne chrétienne, dévouée à la paroisse et capable d’ondoyer un bébé en danger de mort : critère de religion et de moralité.
La condition d’acceptation par la Communauté des chirurgiens était rarement respectée. La majorité n’avait aucune qualification (parfois une sage-femme plus âgée leur transmettait des « recettes »). Aussi étaient-elles souvent accusées d’ignorance, d’incapacité. Elles étaient âgées parfois sourdes ou s’adonnaient à la boisson.
La sage femme était donc élue par l’assemblée des femmes mariées de la paroisse et devait être acceptée par la Curé de la Paroisse. Elles étaient nommées par les échevins, comme un certain nombre d’officiers publics: sergents, argentier, maitre d’école, ….
Elles baptisaient les nouveau-nés en danger de mort et faisaient avouer le nom du père aux filles mères.  La fonction de sage-femme se transmettait souvent au sein d’une même famille.

A LIRE :
GE-MAGAZINE n°139 – juillet 1995
« Naître en France du 17ème siècle à nos jours, une histoire de l’accouchement ».
LA REVUE FRANÇAISE DE GENEALOGIE
hors série sur La Naissance : l’évolution et les progrès du métier au XVIIIème siècle

LA TRACE DES SAGES FEMMES DANS LA GENEALOGIE DE JACQUES :
Après un exposé historique un peu ardu, Jacques nous a fait revivre, la naissance de son arrière grand père, né de père et de mère inconnus et déclaré à la naissance par une sage femme. Nous avons pu voir son extrait d’acte de naissance, son acte d’abandon, son dépôt à l’hospice, et son placement chez une nourrice. Jacques perd la trace de l’enfant entre 7 et 20 ans. Je suis persuadée qu’il saura combler ce trou avec l’acharnement dont il a fait preuve jusqu’à présent.
Nous avons également vécu en direct sa naissance, avec l’accouchement de sa maman pendant la dernière guerre. Sa tante infirmière accoucheuse s’est chargée de la délivrance.
Jacques possède des carnets qui relatent tous les accouchements qu’elle a effectués. Ces documents datant de moins de 75 ans, nous n’avons pu les consulter. Le détail des annotations donné par Jacques est surprenant. Cette tante a accouché un grand nombre de femmes de batelier, sur le carnet figure le nom du bateau sur lequel la famille naviguait.
Merci, Jacques, pour ces récits  qui ont émus toute l’assemblée.

rédigé par Michele

2 Commentaires

Classé dans Anecdotes, Métiers, Permanences

2 réponses à “Les sages-femmes

  1. Lu sur Wikipédia
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    Sage-femme n.f. est attesté sous cette forme en 1212
    On trouve aussi les variantes « femme sage » ainsi que « sage-mère » (XIVe siècle) et « mère sage » (1609). Sage femme signifie « expert, habile dans son art (1155, « sage » en ce sens) auprès des femmes» […] la profession s’ouvrant aux hommes (depuis 1982), on a proposé « sage-homme », « matron » (sur le féminin « matrone »), « maïeuticien » (proposé par l’Académie) ou « maïeutiste » (hellénismes savants), « parturologue », termes finalement écartés au bénéfice de « sage-femme » pour les deux sexes puisque dans sage femme, le mot femme fait référence à la femme enceinte.

    (Le Robert – Dictionnaire historique de la langue française – Alain Rey et coll., Paris 1992).

    Maïeuticien et accoucheur sont des appellations pour les hommes exerçant le métier de sage-femme (en France : moins de 300, face à 15 500 femmes). Le terme maïeuticienne est en revanche considéré comme un barbarisme. On rencontre également sage-femme homme, homme sage-femme ou sage-homme, ce dernier étant un non sens puisque signifie « expert auprès des hommes »
    Le pluriel de sage-femme est sages-femmes.

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    et le témoignage d’un « Un homme sage-femme »
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    « Voilà la question qui m’est posée au moins deux fois par semaine depuis que je suis entré à l’école de sages-femmes de Toulouse en 1993. Et toujours, pour répondre, le même embarras… » de Guillaume Galy
    La suite sur
    http://www.cairn.info/revue-empan-2004-1-page-38.htm

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  2. Depuis 1982 la profession est ouverte aux hommes. On dit : un homme sage-femme.

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