AGOARD et AGLIBERT

AGOARD et AGLIBERT    Martyrs,  († Créteil)

o  premier millénaire.

† Créteil.

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La légende hagiographique de saint Agoard est citée vers 865 dans le martyrologue du moine bénédictin Usuard.

Deux martyrs tués au temps des Huns. Sous les Mérovingiens une église est érigée pour recueillir les reliques des deux martyrs cristolliens.

Entre Marne et Seine, au seuil de la Brie, Créteil justifie par sa position, son toponyme d’origine pré-latine : Cristoïum, “ la Clairière sur la crête ”.

C’est à l’époque carolingienne que Créteil apparaît dans les textes en qualité de bourg libre : le Martyrologe (liste ou catalogue des martyrs ou des saints) du moine Usuard vers 865, le diplôme de Charles III confirmant la donation de Grimoard à l’église Saint-Christophe (900), la Légende des Martyrs, antérieure à l’an mil, font référence au massacre, vieux de plusieurs siècles, d’Agoard, d’Aglibert et de leurs compagnons, en l’honneur de qui une crypte fut creusée en l’église.

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La mise en place

du réseau des paroisses

Nous ne savons presque rien de la manière dont fut évangélisé le Val-de-Marne. Dans l’Antiquité, l’évêque est le seul “ curé ” de son diocèse: pour recevoir le baptême ou les autres sacrements, et même, en principe, pour assister à la messe, les habitants des environs de Paris doivent se rendre à la cathédrale, dans l’île de la Cité. C’est pratiquement impossible pour les fidèles qui habitent aux confins du diocèse, et l’on voit apparaître dès la fin de l’Antiquité dans les plus gros bourgs (vici) des “ églises baptismales ” dont les prêtres ont le droit d’administrer une partie des sacrements. Rien ne permet de penser qu’une église de ce type existe sur le territoire du Val-de-Marne dont les habitants sont relativement proches de la cité épiscopale. Fortunat parle bien d’un vicus de Nogent dans la Vie de saint Germain évêque de Paris qu’il écrit vers la fin du 6e siècle, mais il précise qu’il s’agit d’une localité de la région de Bourges. Usuard, dont nous allons reparler, qualifie Créteil de vicus; mais les autres documents de cette époque l’appellent seulement villa, et s’il y a là un important cimetière mérovingien qui a donné naissance à la légende des “ compagnons : d’Agoard et d’Aglibert martyrisés en même temps qu’eux, nous n’avons pas d’indice archéologique qui témoigne de l’existence d’un habitat important à Créteil. Par ailleurs, à partir du 4e siècle, les propriétaires de grands domaines, laïcs, évêques ou monastères, édifient sur leurs terres des oratoires, de statut privé, mais qui servent de chapelle aux habitants du voisinage. Il en existe sûrement dans notre région, mais aucun n’a été identifié.

On peut rattacher à cette période les figures mystérieuses des “ martyrs de Créteil Agoard et Aglibert. Leur fête est indiquée au 24 juin dans le martyrologe (un calendrier où figurent les anniversaires des saints avec, le plus souvent, un résumé de leur histoire) composé vers le milieu du 9e siècle par Usuard, un moine de Saint-Germain des Prés ; on leur rend donc un culte à cette époque, mais c’est la seule certitude que nous ayons à leur sujet car Usuard ne dit rien de plus. Certes, l’auteur de la Grande passion des saints Savinien et Potentien, un moine de Saint-Pierre-le-Vif à Sens qui écrit entre 1046 et 1079, a introduit Agoard et Aglibert dans son ouvrage. Selon ce récit, Altin et Edoald, qui font partie du groupe légendaire de missionnaires que saint Pierre aurait envoyé à Sens, étaient venus prêcher l’évangile à Paris, sans grand succès. S’en retournant à Sens, ils passent par Créteil dont les habitants célébraient une fête païenne. Altin et Edoald les haranguent, les convertissent, et baptisent toute la population, à commencer par les notables locaux Agoard et Aglibert. Le temple est détruit. Les prêtres païens se plaignent au “ préfet de la ville ” Agrippin qui, ne pouvant mettre la main sur Altin et Edoald repartis à Sens, fait torturer et exécuter Agoard et Aglibert. C’est le schéma classique de toutes les passions, historiques ou  légendaires.  La démarche du moine de Sens est simple à comprendre. Pour renforcer l’autorité de l’archevêque de Sens sur les évêques suffragants qui dépendent de lui, à un moment où la province de Sens est menacée d’écla­tement parce que les évêchés qui la composent appartiennent désormais à des princi­pautés féodales différentes, il cherche à en faire remonter la création aux origines mêmes de l’Eglise. Il imagine donc que Savinien a envoyé Altin et Edoald à Orléans, Chartres et Paris pour fonder les Eglises de ces trois cités; et comme il connaît par Usuard l’existence d’Agoard et d’Aglibert, il les inclut dans son récit, pour rattacher à Sens tout ce qui évoque pour lui les premiers temps chrétiens. Mais ce qu’il dit des martyrs cristoliens sort de son imagination, et est aussi dépourvu de fondement histori­que que le reste de son récit. Il existe des versions ultérieures de cette légende, qui témoignent seulement de l’inventivité de l’imagination lettrée ou populaire.

Agoard et Aglibert portent des noms typiquement germaniques, qui incitent à situer l’événement plutôt dans la période des 6e-8e siècles: le royaume mérovingien est officiellement chrétien, mais des pratiques païennes subsistent longtemps dans les campagnes. Agoard et Aglibert auraient pu susciter la colère des habitants de Créteil en voulant les empêcher de célébrer leurs rites traditionnels, et ils auraient péri au cours d’une rixe. Il reste curieux qu’un tel événement n’ait pas eu plus de retentissement : on ne connaît pas d’exemple historiquement attesté de missionnaires tués par des païens, en Gaule, à cette époque. Aussi n’est-il pas impossible qu’il s’agisse de “ faux martyrs ” : des défunts ordinaires considérés comme saints à la suite d’une méprise dont il y a d’autres exemples (par exemple une erreur de lecture du texte de leur inscription funéraire). On voit que les “ martyrs de Créteil ” gardent leur secret.

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Crypte de l’église Saint-Christophe.

VIII e et XII-XIII e siècles, la crypte fut creusée à l’époque carolingienne afin de conserver les reliques de saint Agoard, saint  Aglibert. Et de leurs compagnons. Les nom d’Agoard et d’Aglibert sont cités une première fois vers 860-865 dans le martyrologue du moine Usuard et leur légende rédigée au X e siècle. Selon celle-ci, au premier siècle de notre ère, des missionnaires envoyés par l’apôtre Pierre prêchent accidentellement à Créteil la parole de Dieu, et convertissent les notables du lieu, Agoard et Aglibert qui se font baptiser et renversent leurs idoles païennes du temple. Alerté le préfet romain dépêche un juge qui, devant la fermeté de la foi des convertis, les condamne, eux et leurs compagnons, à périr par le glaive. Quelques chrétiens échappent à la mort et recueillent les précieuses reliques. Comme souvent la légende ne tient pas compte de certaines impossibilités historique . Si les faits relatés semblent désormais avérés, leur datation est sujette à caution, l’Eglise ayant toujours préféré faire remonter haut dans le temps les évangélisations souvent plus tardives. Les noms d’Agoard et d’Aglibert, de consonance germaniques, semblent plutôt indiquer que leur martyre eut lieu vers le IV et V siècles, et la prétendue justice romaine se résuma sans doute au massacre pur et simple des nouveaux convertis sous les massues des païens majoritaires. Peut-être le surnom longtemps conservé de “ massueux ” pour les Cristolliens provient-il de là. Quoi qu’il en soit, les reliques des deux martyrs et de leurs compagnons feront l’objet de nombreux pèlerinages à partir du XIV e siècle. Une confrérie est fondée en 1672 et durera jusqu’au XIX e siècle. Le sarcophage, commandé en 1692 et détruit  à la Révolution, est refait à l’identique en 1804.

 Le patrimoine des communes du Val de Marne.

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Dictionnaire des célébrités du Val-de-Marne

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