L’an mil sept cens soixante six et le dix huitième jour
du mois d’octobre à huit heures du matin dans la maison
seigneurialle de Mourvilles Hautes dioc(è)s(e) de Toulouse écrivant sous nous
Joseph Guimbert praticien habitant aud(it) Mourvilles que nous avons
pris pour notre greffier d’office après avoir exigé de luy le serment
en tel cas requis, lequel a notre comandement sa main mise sur les
Saints évangiles, a promis et juré d’estre fidelle a la fonction de sa charge
par devant Sebastien Croux lieutenant du seigneur de Mourvilles hautes.
a compareu Me Joseph Raynaud procureur fiscal [1] dudit Mourvilles
hautes qui nous a dit qu’étant instruit qu’un cochon avoit dévoré
un enfant dans la maison appelée la Pine dans notre juridiction
le jour d’hier a neuf heures du matin, nous a requis de nous transporter
dans ladite maison ou a l’interieur ledit procureur fiscal et les témoins
a ce appellés, avons trouvé un enfant couché dans un berseau
sans mains, bras, pieds ny jambes et le crane demy emporté,
aurions interpellé Jeanne Marquier veuve de Jean Latger mère
nourrice dudit enfans depuis un mois qui luy avoit été baillé
par le directeur de l’hopital St Jacques à Toulouse, ou elle fut
a l’effet de le nourrir de son lait, l’emporta avec elle dans ladite
maison moyennant un salaire, qui devoit lui estre payé par
mois, et a ladite heure ayant quitté lad. maison, et un peu au
paravant pour vacquer a ses affaires, elle auroit laissé ledit
enfant sur le lit dans son berseau sain et sauve, et ayant
fermé la porte de la chambre ayant vu un gros cochon au bas
de lad maison attaché avec une corde, et etant de retour la porte
de la rue etant toujours fermée elle vit ledit cochon detaché
faisant un grand bruit et trouva la porte de ladite chambre
ouverte, et une cruche au millieu dicelle renversée et
l’enfant qu’elle a dit etre agé de quatre mois au millieu de
ladite chambre mort, sans mains, bras, pieds ny jambes, et
son crane devore croyant bien que ce fut ledit cochon qui
avoit dechiré cet enfent, ce qui luy donna
occasion d’une grande peine, et fut chercher des personnes pour
etre temoins de ce qui venoit d’arriver et apres avoir interpellé
le maitre chirurgien dudit lieu lequel était absent, ledit procur(eur)
fiscal a veu aussi bien que les temoins bas nommés le sus dit
etat dudit petit cadavre, Requerant ledit Raynaud
qu il nous plaise ordonner que ledit cadavre sera incessament
inhumé, ce faisant enterré par le Sr curé audit
lieu ou un de ses vicaires………..
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[1] Officier qui dans les juridictions seigneuriales de « haute justice » représentait le seigneur et en défendait ses droits et intérêts.
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Merci à Perrot Jacques qui a transcrit cet acte