Souvenirs d’un ancien matelot du CGMA lors de son incorporation…
L’habit du marin.
Au jour de son incorporation, le matelot reçoit, au service de l’habillement, son « paquetage » (tenue complète en double) à savoir :
– 1 béret complet appelé familièrement « bashi » et 1 coiffe blanche pour le recouvrir en été,
– 2 tricots rayés en coton,
– 2 jerseys en laine (pulls),
– 1 vareuse en drap (sans bouton),
– 1 pantalon à pont en drap,
– 1 paire de souliers bas ou de bottines (au choix),
– 1 caban pour les périodes de pluie ou de froid,
– 2 tenues complètes de travail en toile de coton solide, appelées « treillis »,
– 2 paires de chaussettes en laine,
– Sous-vêtements,
– 1 nécessaire de table à savoir assiette, quart, fourchette, couteau de table,
– 1 planchette carrée en contre-plaqué de forme carrée destinée à plier le linge au carré,
– 1 nécessaire à chaussures, cirage noir et brosse,
– 1 nécessaire de toilette
– 1 nécessaire de marquage pour imprimer le numéro matricule du récipiendaire,
– 1 petite valise en métal, un sac de toile forte (type toile à voile) munie d’une poignée amovible en métal et un cadenas.
Tous les mois, au toucher de sa solde, le marin a le droit d’acheter 200 cigarettes totalement détaxées. Il bénéficie d’un service d’approvisionnement (S A M), où il peut se procurer divers produits épicerie ou autre. Ce service existe aussi bien dans les bases à terre que sur les navires (dans une moindre mesure).
LE BONNET :
En drap avec renfort pour le tour de tête et garni de cuir à l’intérieur. Le pompon d’étoupe est en boule pour éviter de se cogner dans les coursives et au passage de portes. Il est muni de deux pattes en fer pour fixation à l’intérieur. A l’origine, placé à l’intérieur du bonnet et de couleur bleue, pour l’esthétique, il a été placé à l’extérieur et est devenu rouge pour rappeler que le corps de la Marine Nationale, dans son ensemble a été décoré de la Légion d’honneur pour son courage et son patriotisme.
De chaque côté sont cousus deux petits boutons de cuivre, destinés à retenir la jugulaire blanche en coton. C’est, en souvenir de la Reine Victoria, qui, en visite sur un navire, arrivée en haut de l’échelle de coupée, devant le marin qui lui rendait les honneurs et dont le bonnet s’était envolé sous un coup de vent, releva ses jupes, se saisit d’une de ses jarretières pour entourer la tête du marin afin qu’il ne perde jamais plus son bonnet !
Une ancre de marin est cousue sur le devant et le renfort est enveloppé d’un ruban indiquant l’affectation du matelot.
LA VAREUSE :
Sur la vareuse sont indiqués la marque de la marine et le métier pratiqué par le marin.
Un col en drap, partie intégrante de la vareuse, était destiné, à l’origine, à protéger le tricot des salissures des cheveux longs et, relevé à prémunir le marin du froid dans le cou. Il a été rajouté un col amovible bleu clair bordé de deux lignes blanches et muni d’un dossard pour maintien et de deux pattes en tissu blanc munies de passants pour pouvoir serrer le bas du dossard avec les deux pattes laissant passer deux lacets que l’on noue devant soi.
LE PANTALON A PONT :
Egalement en drap, il est équipé en sa partie supérieure de deux pattes, aussi en drap, où sont cousues des poches de part et d’autre (toile blanche). L’ensemble se ferme pour la partie interne du pont avec deux boutons. Le tour de taille reçoit des passants et la ceinture en coton (généralement) avec boucle de cuivre ou d’acier forme l’ensemble avant d’être recouverte par le pont.
A l’origine, ce pantalon a été créé pour le confort du marin :
– d’une part, il est plus aisé de baisser le pont que de déboutonner une braguette
– d’autre part pour préserver du froid le marin qui monte son quart, surtout la nuit dans nos régions…cela lui permettait d’accéder facilement dans la partie du corps qui, comme l’a souligné le constat du service de santé, est la plus appropriée pour se réchauffer les mains….
Ledit pantalon n’est jamais ajusté au corps, ceci aux fins de pouvoir enfiler en dessous un caleçon chaud en hiver. Il n’y a jamais de revers au bas des pantalons.
LE PULL ;
Sous la veste est porté soit un pull ras du cou appelé jersey (en laine). Il est muni de trois boutons sur l’épaule gauche. Il est porté en hiver.
Pour la saison chaude, c’est un tricot rayé blanc et bleu. Les rayures bleues sont plus étroites que les blanches et quand le marin est habillé, on voit apparaître dans le v formé par la vareuse 7 rayures bleues qui rappellent les 7 plus grandes victoires navales de notre marine. Juste en-dessous, presque discrète, on peut distinguer un petit renflement noir. C’est la cravate noire qui symbolise le deuil de la défaite de Trafalgar : la flotte anglaise ayant totalement décimé la flotte française. Les Anglais, alors commandés par l’Amiral Nelson (qui mourut au cours de ce combat), commémorent cette victoire par le port de deux petits rubans noirs sur l’arrière de leur bonnet (Le deuxième petit ruban noir indique le souvenir de leur victoire sur la flotte française à Aboukir).
A savoir : le tricot rayé a 2 manches, plus courtes que la normale, qui couvrent partiellement les avant- bras, permettant de ne pas être gêné pour travailler et rester propre.
LES SOULIERS :
De deux sortes (au choix) :
Soit style « bottines » qui couvrent les chevilles et qui sont munies de petits tampons destinés à protéger les chevilles.
Soit des souliers bas.
Ils sont de cuir noir.
LE CABAN :
En drap chaud il est fermé par des boutons en cuivre. C’est le vêtement qui remplace le manteau. Pour les hommes d’équipage c’est le seul équipement pour les périodes froides.
A NOTER :
Pour les saisons chaudes, les tenues blanches sont en toile de coton. Le pantalon est toujours à pont. La décision de porter la tenue blanche est prise selon les directives du commandement du lieu où se trouve le marin.
ORIGINE DU SAC EN TOILE :
En raison du manque de place à bord des navires, l’équipage (marin de base) dormait dans des hamacs munis de chaque côté de cordages terminés par une boucle en cuivre ou en bronze appelés « araignées ». Ils étaient tendus par des crochets fixés sur les poutres. On y plaçait un petit matelas et à chaque bout sous les araignées des petits bouts de bois terminés en V permettaient de garder le hamac ouvert. Quand le matelot était débarqué de son bord, il conservait son hamac dans lequel il emballait son paquetage (habillement et autres effets personnels). Chacun avait sa place définie.
Pour rappeler cette période, le hamac devint un sac de marin, simple à porter et permettant d’avoir un gain de place pour le ranger lors d’une nouvelle affectation.
Cet article a été rédigé en collaboration entre Jean et Joëlle