Le plus beau feu d’artifice de ma vie
Enfant, j’ai eu la chance de passer le mois de Juillet dans le Var, plus précisément à Cavalaire-sur-mer où mes parents louaient une villa.
La hantise des autochtones était le feu, ces incendies déjà si fréquents dans le midi de la France, et la pénurie d’eau que provoquait l’affluence des « estrangers » qui débarquaient l’été dans le village.
L’été 1950, j’avais donc 4 ans, se déclencha un incendie terrible, attisé par un mistral tout aussi violent.
Les collines des Maures qui entourent Cavalaire rougeoyaient, les cendres voletaient au-dessus de la ville, les pommes de pin enflammées éclataient comme des grenages, projetant des flammèches à plusieurs dizaines de mètres et propageant le feu plus loin, la fumée recouvrait le tout, en été la garrigue est bien sèche et brûle sans problème…
Et pour couronner le tout, l’incendie était ponctué d’explosions des mines qui truffaient les collines entourant Cavalaire (il y eut un débarquement allié sur la plage de Cavalaire en Août 1944).
Ce fut au moins l’aspect positif de cet incendie, toutes les collines alentour furent déminées !
4 ans ce n’est pas très vieux, mais je garde un souvenir encore très net de ce spectacle que je trouvais parfaitement féerique, il suffit que je ferme les yeux et je me revois sur la terrasse à l’arrière la villa, regardant bouche bée cet incendie et ces explosions extraordinaires que j’applaudissais des deux mains !
Il régnait à l’intérieur de la villa une activité fébrile, mais il s’agissait de trucs de grands personnes…
Le propriétaire de la villa est venu dans l’après-midi pour arroser le toit, les murs, les portes et les volets de la maison en disant, assez fataliste : c’est tout ce qu’on peut faire, attendons la suite…
Finalement dans la soirée, ma mère m’a enveloppée dans une couverture et nous sommes partis en voiture, laquelle était assez grande, mais nous étions vraiment entassés : mes parents, ma grand-mère, mes deux frères et moi, plus un couple d’amis de ma grand-mère !
Mais impossible de quitter Cavalaire, les routes des deux côtés du village étaient coupées par le feu et gendarmes et pompiers bloquaient les accès, le mistral capricieux comme à son habitude, n’arrêtait pas de changer de sens et ça brûlait dans toutes les directions. On nous a donc conseillé d’aller sur la plage, ce que nous avons fait, à ma grande joie : aller sur la plage en pleine nuit, avec toute la famille, c’était vraiment la fête !
Je garde donc un souvenir émerveillé de ce feu d’artifice extraordinaire, et les seules mines que j’ai vu exploser dans ma vie m’ont paru vraiment superbes.
Je dois certainement au calme de ma mère et de ma grand-mère de n’avoir pas ressenti de crainte, alors qu’elles ont éprouvé une sensation de panique et l’impression d’être prises au piège, quand nous en avons parlé quelques années plus tard.
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